Lettre
du Général
1er
Septembre 2004
Chers
confrères
Des
jeunes, intéressés par la vie religieuse, "veulent
parler de Jésus, de prière, de foi et du sens d'une
relation avec Dieu qui exige le sacrifice. Ils
sont déconcertés
lorsqu'ils découvrent que certains
parmi nous demeurent étrangement silencieux sur
ces sujets."
C'est ce que le supérieur général des Frères
Maristes écrit dans sa lettre Raviver la flamme
publiée le 8 septembre 2004.(...)
L'expérience
de Frère Sean lui fait dire qu'il
est possible d'interpeller les jeunes pour une vie
de générosité et de zèle, d'engagement et de sacrifice.
Nous ne devons pas, pense-t-il, parler des "jeunes
d'ajourd'hui", car ils n'existent pas comme
tels. Chaque
jeune est différent et la voie que chacun prendra
est imprévisible et pleine de surprises.
Ces paroles de Sean ont une autre tonalité que ce
que nous entendons très souvent lorsqu'on parle
des vocations : les jeunes d'aujourd'hui sont superficiels,
intéressés seulement par l'argent, refusant de s'engager
et ne pensant qu'à leur développement personnel.
Ce genre de discours moralisateur est assez court,
et à tout le moins déplacé.
La
question des vocations est, il est vrai, liée à
l'environnement social et au climat spirituel.
Les familles sont devenues plus petites. Devenir
religieux n'est plus un moyen de progresser dans
l'échelle sociale. Les jeunes sont de plus en plus
enclins à repousser le moment des options pour la
vie. Les sociologues parlent "d'une adolescence
prolongée, d'une adolescence sans fin." Apparemment,
il y a dans l'air du temps quelque chose qui rend
plus difficile le chemin vers la vie religieuse.
Les
relgieux, eux, ne peuvent que peu de chose pour
changer ce climat.
S'il n'y a que peu de vocations, il n'est donc point
nécessaire pour nous d'avoir un complexe de culpabilité.
Il n'y a aucune certitude pour que n'importe quelle
communauté vivant d'une manière enthousiasmante
puisse attirer des vocations. Cela est un aspect
de la question.
Cependant,
il
est également vrai que des religieux sans inspiration
n'attirent aucune vocation.
Cela est l'autre côté de la question. Nous ne pouvons
pas faire porter tous les torts sur l'environnement.
Souvent, nous nous plaignons de la société pour
nous protéger nous-mêmes et ne pas porter notre
attention sur ce que nous pouvons changer.
La question la plus importante est de savoir si
notre propre vie est caractérisée par la passion,
la générosité, une disponibilité au sacrifice et
à l'engagement. Si ce n'est pas le cas, alors le
problème n'est pas la question des vocations mais
nous-mêmes.
Si
tel est le cas, alors la question est de rendre
clair et visible ce pour quoi nous existons.
Cependant, être clair n'est pas la même chose que
d'être importun, indiscret. Une pastorale des vocations
suppose un mélange subtil de discrétion
et de clarté.
Chaque vocation est une relation unique entre Dieu
et une personne. Personne d'autre ne doit constamment
interférer dans cette relation. Mais d'autre part
il n'est pas vrai qu'aucune tierce personne n'ait
pas quelque rôle à jouer. La vocation est une affaire
entre Jésus et Pierre, mais c'est André qui donne
l'impulsion : "Nous avons trouvé le Messie".
La vocation est une affaire entre Jésus et Nathanaël,
mais c'est Philippe qui montre le chemin : "Viens
et vois". Quelquefois
toute une vie dépend d'une tierce personne qui,
à un moment donné, ose dire : "Viens".
J'ai entendu, un jour, une cantatrice célèbre dire
à la télévision qu'elle devait toute sa carrière
au directeur de la chorale de son école. Il lui
avait dit : "Vous avez une voix magnifique.
Vous devriez prendre des leçons de chant. Venez
me voir après la répétition et je vous donnerai
une adresse." Il n'y a pas d'intrusion
dans la vie privée des autres quand on leur indique
une certaine direction. Vous
limitez simplement leur liberté en restant silencieux,
parce qu'alors vous leur refusez de faire tel ou
tel choix.
Devons-nous
encore dire : Venez avec moi ! Je connais une
adresse" ? (...) Ce n'est pas un accident
si un des programmes mis en place par les SMSM et
les Pères Maristes s'intitule : "Venez et
vivez". En
Océanie et dans les districts, d'excellentes méthodes
de pastorale des vocations, adaptées à la culture
locale, ont été mises en place.
Nous en voyons les résultats. Dans quelques semaines,
seize
nouveaux candidats entreront dans les deux séminaires
d'Océanie, à
Suva et Bomana. En janvier, un
nouveau noviciat commencera à Tutu avec douze candidats
dont un Africain. De même, il est probable que trois
novices du noviciat en langue anglaise feront, en
janvier, leurs premiers voeux, et une nouvelle année
de noviciat commencera alors avec, probablement,
quatre candidats. En février, à Belo Horizonte,
au Brésil, s'ouvrira, avec neuf candidats, un noviciat
latino américain. Chacun
de ces jeunes, à un moment donné, a rencontré quelqu'un
qui lui a dit : "Viens et vois !"
Avec
mes voeux les plus chaleureux pour un saint temps
de l'Avent et une heureuse fête de Noël.
Jan
Hulshof
Supérieur
Général
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