La Passerelle 2
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Ecoute ce que tu chantes !
Chacun restera toujours un mystère
L
es risques de la religion
Un langage qui a du mal à passer
Dieu : un Père ?
Et puis quoi encore ?
"Fusées recherchent pas de tir"
Recherche désespérément amour"
Cultivons la différence

 

 

 

 

 

 

 

 

Ecoute ce que tu chantes !

On dit souvent que, pour attirer les jeunes à la messe, il faut mettre des chants à la guitare...

D'abord, est-ce "à la messe" qu'il faut conduire les jeunes, ou au Christ. Il faut qu'ils puissent l'y découvrir dans la communauté rassemblée, dans la Parole proclamée, dans le Repas préparé.

Les chants peuvent aider à créer une assemblée, unir les coeurs dans une même louange : il y en a de très beaux. Ce qui m'inquiète, c'est de voir l'inattention à ce que l'on chante. On le remarque quand il y a une erreur de frappe ou de copie où l'on entend chanter des choses complètement absurdes. Ça ne dérange personne ! On ne fait pas attention à ce que l'on dit, seule la musique compte. Elle est alors comme une drogue qui met dans un état second au lieu de créer un climat propice à la rencontre.

Dans le chant, le texte est essentiel : les mots que nous chantons ont le pouvoir d'éveiller des pensées, des sentiments qui nous font plus proches de Dieu. La mélodie est au service du texte, pour le mettre en valeur.

"La qualité des chants et de la musique se mesure à la qualité du silence et de la participation intérieure qu'ils suscitent."

 

 

 

 

 

 

Ah ! ces visages...

Quelle joie, quel privilège que tous ces visages croisés, reflets de vie, chacune unique. On peut y deviner une histoire faite de joies, de découvertes, de déceptions, de blessures, d'amertumes. Il arrive de leur imaginer un avenir... inimaginable bien sûr, car il n'est jamais écrit d'avance !

Chacun est et restera toujours un mystère, un être en devenir.

Chacun, même le plus critiquable, recèle toujours une richesse quelque part qui nous fait cruellement défaut. Quand on sait regarder les autres, on ne peut que se sentir appelé à grandir, appelé à l'humilité.

Quel cadeau extraordinaire que tous ces visages, chaque jour croisés...

 

 

 

 

 

 

Attention à la dérive...

La religion charrie avec elle, depuis toujours, des risques qu'il faut savoir évaluer : intransigeance, hypocrisie, infantilisme qui peuvent aller au fanatisme, à l'aliénation mentale...

Le religion veut juger de tout, régenter tout. Ne serait-ce pas d'ailleurs, depuis l'origine, la tentation de chacun : tout régler selon sa propre norme du bien et du mal ? Et, avec la religion, on pourrait en plus prendre prétexte de Dieu - "qui est au-dessus de tout "- pour imposer nos propres normes !

Ils sont affolants cette hypocrisie, cet aveuglement, cette stupidité des pharisiens au temps de Jésus. Mais aussi, ils sont incroyables tous ces crimes, toute cette dureté de l'Église à travers l'histoire. Elle s'est souvent montrée un véritable rouleau compresseur...

Comment cela est-il possible ?...

Mais aussi, elle a été extraordinaire, cette Église, lorsque, affrontée à la contradiction, au mépris, au rejet elle a su garder le respect et l'amour de ceux qui la persécutait : c'est alors qu'elle a été signe de Dieu et qu'elle lui a conquis les âmes.

Il faut prendre garde à la religion lorsqu'elle est en position dominante dans une société : c'est là que tous les dangers la menacent, et qu'elle devient elle-même... une menace pour la société.

Jamais l'Église n'a mieux servi le monde que quand elle était rejetée, persécutée. Car c'est alors, qu'entraînée sur les traces de son maître, elle n'avait plus qu'un seul repère sur son chemin : Jésus. S'accrocher à lui, s'appuyer sur lui, l'imiter en tout, le suivre jusqu'au bout.

N'avons-nous pas fait nous-mêmes cette expérience que c'était dans les moments difficiles que nous pouvions le mieux être "témoins du Christ" ?

Prenons garde à toutes ces dérives qui toujours nous menacent.

 

 

 

 

 

 

 

Roi de l'univers ?

Un après-midi, à la sortie de la poste, une maman m'arrêta. Sa fille était contente d'aller au catéchisme et de partager tout ce qu'elle y avait appris. On avait dit à la petite que Jésus était "le Roi de l'univers", et la maman trouvait qu'on apprenait vraiment n'importe quoi aux enfants.

C'est vrai que pour ceux qui ont grandi en dehors de l'Église, celle-ci charrie un langage qui a parfois du mal à passer !

Que peut penser un incroyant entrant par curiosité dans une église au moment de la communion, quand il entend, alors qu'on présente un petit rond blanc, "voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde" ?... C'est d'ailleurs pour cela que les non baptisés n'avaient pas accès à l'Eucharistie. Après l'homélie on leur demandait de quitter les lieux : il fallait en effet l'Esprit pour pénétrer le sens profond de ce qui se vivait là.

Comment affirmer Jésus "Roi de l'univers", alors qu'on voit bien que le monde se construit en dehors de lui ?

Il s'est d'ailleurs lui-même enfui quand la foule voulut le faire roi après la multiplication des pains...

"Roi", il ne l'est pas "à la manière des hommes" a-t-il répondu lors de son procès. Il l'est dans le sens où il se sent pleinement responsable de son peuple, où il est prêt à aller jusqu'à donner sa vie pour lui. Roi, il l'est en ce sens qu'il mérite le respect de tous. Roi de l'univers, il l'est parce qu'il en est à l'origine et que le Père lui a confié de tout conduire à l'accomplissement total.

Mais il ne règnera dans nos vies que lorsque

- à sa suite -

nous servirons au lieu de nous faire servir.

 

 

 

 

 

 

 

 

Comment croire en Dieu "le Père tout-puissant" !

Après les ravages du cyclone en Amérique centrale, comment croire encore en Dieu "le Père tout-puissant" ? On peut être professeur de Collège et se poser des questions ! Peut-être ne se pose-t-on pas assez de questions... C'est bon quand on arrive à "les mettre sur la table". Croire n'implique pas de mettre son intelligence au rancart. La foi et l'intelligence sont invitées à marcher main dans la main !

Il y a tout un langage sur Dieu qui n'est pas recevable.

Quand un enfant meurt dans la souffrance, qu'on ne me dise pas : "c'est la volonté de Dieu" ou "c'est Dieu qui commande"! Il y a tout une époque où l'on voyait Dieu derrière chaque événement. Rien ne pouvait se passer sans qu'il l'ait voulu. C'est ce qui explique un peu le fatalisme des musulmans.

Mais le Dieu de la Bible est un Dieu qui crée en créant l'homme créateur, qui agit en faisant l'homme libre. Le fatalisme est un cancer qui n'a pas sa place dans la foi chrétienne.

Dieu, "le Père tout-puissant", aurait-il abandonné ses enfants ? Non ! Mais il y aura des choses qui pourront nous sembler incompréhensibles tant que nous n'aurons pas intégrés ces deux vérités :

  • Tous enfants du même Père, nous sommes frères.
  • La mort biologique n'est pas la fin de tout, elle n'est qu'une étape d'un destin.

Nous avons ensemble reçu la Terre en héritage : notre Père veut nous voir partager. Son désir et son travail vont dans ce sens. Il y aurait un défaut grave dans l'éducation qu'il nous donne s'il devait intervenir à notre place.

Il n'y a pas à nous demander ce que Dieu peut bien faire à laisser ces pauvres gens dans le dénuement, mais "qui suis-je donc" pour laisser ces frères dans l'abandon ? Un Dieu qui "ferait à ma place" ne serait pas le Dieu d'amour qui veut me conduire à mon accomplissement total. Il ne serait qu'un père démissionnaire. En n'intervenant pas à ma place il me met devant mes responsabilités, mon devoir fraternel.

Mais - se dit-on - avant que je ne devienne un vrai homme, d'autres devraient-ils en payer le prix ? C'est hélas trop souvent - en raison de mon indifférence ou de mon individualisme - ce qui arrive.

Dieu n'abandonne pas pour autant les victimes de mon égoïsme. Dans la foi, elles peuvent continuer à vivre, se recentrant sur l'essentiel. Le malheur devient école de dépouillement, redécouverte des vraies valeurs, de ce qui a vraiment du prix. Ainsi, d'un mal - pour ceux qui ont la foi - Dieu peut faire sortir du bien. Encore faut-il avoir la foi.

Et ceux qui dans le malheur ont perdu "la vie" la retrouvent avec une intensité nouvelle dans la communion avec Celui qui a pour nous l'amour d'un père et la tendresse d'une mère.

 

 

 

 

 

 

 

 

Et puis quoi encore ?

"Soumettre ma vie à Dieu, et puis quoi encore ?

La grandeur de l'homme c'est sa liberté, c'est toutes les possibilités qu'il porte en lui, c'est la maîtrise qu'il a de sa vie".

Beaucoup, au nom de la haute idée qu'ils se font de l'homme repoussent celle d'un Dieu auquel ils devraient soumettre leur vie.. La grandeur de l'homme c'est la conscience qu'il a de ses limites, c'est sa capacité à se relever : en Dieu il ne trouve pas le comptable de ses fautes mais l'artisan de son relèvement.

Jamais Dieu n'impose, jamais il ne soumet l'homme à sa volonté : il l'aime trop pour le contraindre en quoi que ce soit. Il préfère se laisser insulter, crucifier. Dieu appelle, Dieu invite. C'est à l'homme, dans sa souveraine liberté, de choisir de l'écouter, de le suivre, mais jamais "aveuglément" : dans la foi, la confiance.

La liberté, c'est quelque chose d'essentiel. L'homme se construit à travers ses choix, même ses mauvais choix, ses erreurs. Des parents qui - par amour, croiraient-ils - voudraient contraindre leur enfant à suivre un chemin, seraient un obstacle à son développement. Dans la parabole du Fils prodigue, le Père laisse son plus jeune fils partir : il faut qu'il fasse son expérience; il ne servirait à rien de le retenir de force à la maison.

Mais la liberté ce n'est pas de céder à ses désirs, c'est de pouvoir au contraire en garder le contrôle. C'est prendre assez de recul pour voir si ces désirs me servent ou me desservent, me font un homme debout ou un homme asservi.

Le plus beau des trimarans, si son pilote est passé par-dessus bord n'est pas un bateau "libre", c'est un bateau abandonné, perdu, perdu pour tous !

Lors d'une course, le "navigateur solitaire" se soumet librement à son équipe à terre qui lui donne toute information nécessaire pour faire ses choix de route. S'il a fait de mauvais choix elle lui en propose alors d'autres pour lui permettre d'essayer de rattraper ses erreurs.

"Soumettre ma vie" à Dieu
ce n'est pas "enchaîner ma liberté", c'est "faire confiance".

C'est avoir découvert que je ne suis pas livré à moi-même,
pas abandonné dans la tourmente.

 

 

 

 

 

 

 

Fusées en quête de pas de tir

Partout, les femmes sont l'élément moteur de la société. Le monde tient par elles.

Presque partout les hommes ont le pouvoir, s'accrochent au pouvoir. Souvent ils tiennent la femme assujettie. La crainte de se voir marginaliser ?

La femme, c'est la fusée, capable d'aller très loin, détentrice d'une énergie extraordinaire.

L'homme, c'est la dalle de béton sur laquelle la fusée prend appui.

S'il n'y a pas la dalle, les moteurs dégagent en vain leur puissance : beaucoup de poussière, mais la fusée ne peut décoller et accomplir sa mission.

La dalle peut se sentir "pas grand chose" devant la fusée... la fusée ne prendra pas son essor s'il n'y a pas de dalle...

Ce ne sont pas les hommes qui vont changer le monde, mais sans eux les femmes sont "retenues au pas de tir". Nous savons bien que nous ne sommes pas capables de grandes choses. Les femmes, si : mais elles ont besoin de pouvoir compter sur nous.

 

 

 

 

 

 

 

"Recherche désespérément amour"

"Je fais ma prière en me levant et en me couchant, et je rends service autour de moi : qu'est-ce qu'on pourrait demander de plus ?"

Il est sûr que nous serons jugés sur l'amour - traduit en actes - que nous aurons eu les uns pour les autres.

A Ouvéa, des jeunes ne comprenaient pas pourquoi aller à la messe : "on joue au volley... Dieu doit être heureux de nous voir jouer ainsi ensemble". Certainement.

Mais, imaginons... : tu es marié...

Si tu n'es jamais à la maison - même si tu rends service tout autour de toi - ne penses-tu pas qu'il y a quelqu'un qui peut être un peu déçu, en manque d'amour ?

Si tu fais consciencieusement ton "devoir conjugal" (!), crois-tu que ça puisse suffire à ta femme si elle n'arrive pas à te parler, si tu n'es pas intéressé par ce qu'elle vit, si tu fais ta vie comme si elle n'existait pas vraiment ?

Si chaque fois qu'elle a quelque chose à te dire tu joues "les abonnés absents"...

L'Amour cherche l'amour... tant que l'amour de Dieu ne m'habitera pas, tant que je n'aurai pas de plus fort désir que de le rencontrer, d'être à son écoute, de faire ce qui lui plaît, de devancer ses désirs... il y aura un déçu.

Ne sommes-nous pas trop souvent de marbre ou de bois ?

 

 

 

 

 

 

 

Cultivons la différence

A Néouta, pour la fête patronale, la communauté protestante était présente, avec son Pasteur. Moment fort de fraternité.

Dans les discours coutumiers on entend souvent : "Il faut qu'on prie plus souvent ensemble".

Certes. Mais si l'on prie trop souvent ensemble ne risquerait-on pas de n'être plus ni catholique ni protestant ? Chacun de son côté doit développer sa spécificité propre pour pouvoir en enrichir l'Église.

L'unité, cette unité à laquelle Dieu tient plus que tout, n'est pas uniformité... Rien de pire que l'uniformité ! Jésus n'a pas prié pour l'uniformité mais pour l'unité de son Église. Quand on est unis, on travaille dans le même sens, on sert le même projet en tenant compte de l'autre, de ce qu'il peut apporter de particulier, on sait trouver les gestes qui montrent à l'autre combien il est important pour nous, même si on ne travaille pas tous les jours ensemble.

C'est dans la mesure où le Protestant est protestant et le Catholique catholique que nous pourrons nous apporter quelque chose les uns aux autres.

 


fx.devivies@ddec.nc