Yves-Marie HILY
Né le
16-06-1867 à Plounévez-Lochrist (Finistère) Etudes au
collège saint François, de Lesneven (Finistère) Ordination le
10-08-1892 Profession
religieuse le 28-10-1894 à Paington Fonctions :
vicaire à saint Thois (canton de Château-Neuf du Faou) avant d'entrer dans la
S.M.
Arrivé le
18-12-1894 en Nouvelle-Calédonie par BIRKSGATE 1895-1896 aumônier à Néméara 03-12-1896 fonde
la mission de Houaïlou, installée à Méomo avant de l'être à Nindhia avec les
Pères Busson et Cherdel décembre
1907 va s'établir à Ponérihouen dans la
Mission qu'il a fondée. Il
en reste le curé jusqu'au 22-01-1947 et y décéda subitement le 12-05-1948
A
travers les souvenirs des uns et des autres vous allez
découvrir l'arrivée de l'Evangile à
Néavin, jusqu'à l'installation
de la Paroisse de Teouty à Ponérihouen
grâce au travail du Père Hily.
Le Père
Yves Marie HILY, dans le courant de 1897 - 1898, venait de MEOMO, visitant les
colons depuis HÔ jusqu'à PONERIHOUEN, une fois tous les deux mois ou une fois
par mois quand c'est possible. Au lieu dit WAOU, en entrant vers le Nord de la
tribu de Bâ, il y a un chenal à traverser. Chaque fois que le Père Hily passe
par là, il y a toujours une bande de jeunes païens qui se baignait là. Quand
ils virent le Père Hily ils se cachèrent entre les racines de palétuviers.
Certainement le Père Hily doit invoquer l'Esprit-Saint car, à un de ses
passages, revenant de Ponérihouen, il passe le chenal de l'autre côté vers
Méomo. Il descendit de son cheval, accrocha sa bride à une branche, sortit un
pain de sa sacoche, tendit un morceau de pain aux petits païens qui
chuchotaient entre les racines de palétuviers. Le plus imbécile d'entre eux
sortit d'entre les racines de palétuviers, s'approcha du Père Hily. « Hé.hé.,
n'y va pas, il va t'empoisonner, il va te faire mordre par son cheval »
lui criaient ses copains d'entre les racines de palétuviers. Pour se faire voir
à ses copains, mais craintif, Javari avança avec hésitation. Le Père
l'encourage à s'approcher tout en mangeant une pincée de pain et en présentant
un morceau à Javari qui tremble de peur, hésite d'accepter écoutant les cris de
méfiance de ses copains : "Hé. hé., attention ! C'est une
amorce, il va te traîner avec son cheval". Javari, toujours pour se faire
voir par ses copains, accepte le morceau de pain « pain de vie ». Son
copain de Néavin, Kaoro, voit Javari manger le pain. Il lui
crie : « Hé ! Javari ! et moi alors ! ».
« Viens ! viens manger du mataï » lui répond Javari.
« Mataï » veut dire banane rapée. Kaoro sort de ces racines, avance
vers Javari et le Père Hily. Kaoro, craintif, avance à petits pas.
« Viens ! c'est du mataï » lui dit Javari en voulant partager
son morceau. Le Père lui fait signe de ne pas donner car il avait sa part.
« Approche, approche. » lui dit Javari. Le Père Hily présente le
morceau de pain à Kaoro, craintif. Javari l'encouragea et lui
dit « Nous allons raconter que nous avons mangé du mâtaï
poagara », ce qui veut dire « banane râpée des blancs ». Le fils
d'un troisième, Moréosari, qui a mangé de ce pain ce jour-là deviendra
catéchiste de la tribu de Bâ, mais il n'y aura pas de suite. (Irénée)
Il
était vers 15 h, 16 h. Après avoir eu les trois jeunes païens, le Père Hily
leur montra de ses doigts le soleil, fit un demi-cercle et de l'autre doigt
montra Méomo où se lève le soleil, un demi-cercle vers le coucher du soleil
pour leur dire une journée. Le Père Hily continua jusqu'à vingt et un demi
cercles pour leur dire que, dans trois semaines, il repasserait. Certainement l'Esprit
Saint était là car, simplement avec les signes des doigts du Père Hily, ils
avaient compris. Depuis ce jour, les trois païens devinrent les amis du Père
Hily, et par la suite ses élèves à Méomo.
Ces
compagnons de Néavin sont devenus parmi les meilleurs et reçurent le
baptême ; Javari, qui sera AYAWA Javari Hyppolite, et MOENTEAPO Kaoro
Joseph que le Père Hily envoya à Saint Louis et deviendont ses deux catéchistes
pour convertir tout Ponérihouen.
L'évêque
envoya le jeune Père Cherdel pour aider le Père Hily. Malgré sa bonne volonté
et son courage il ne vécut pas longtemps et décéda à Méomo. Sa dépouille
mortelle fut transférée plus tard à Nindhia.
Le
Père Dumisi, de passage sur la côte Est, montant vers le Nord, le Père Hily lui
proposa de dire une deuxième messe à la tribu de Néavin. C'était le 02.02.1898
qu'eût lieu le premier baptême, de TUTUGORO Zacharie qui deviendra plus tard
l'adjoint du vieux catéchiste GOVEI Georges, baptisé à Méomo. Les deux
premières messes, il y avait déjà des gens qui avaient reçu le baptême à Méomo
par le père Hily.
A
partir du 02.02.1898, les premiers chrétiens ont construit une chapelle sur
pilotis, avec des houppes de sapin et en torchis. Elle dura jusque dans les
années 40 ; On dut la remplacer par de la peau de niaoulis qui ne dura pas
longtemps. On dut changer l'emplacement et accepter la proposition de
Marie-Thérèse Grochain, épouse du catéchiste Hilarion Ayawa, une parcelle de
terrain, don de ses oncles pour son mariage. Elle avait demandé à son mari que
si le Seigneur l'appelait avant lui, il la laisse repose devant la chapelle,
terre de ses oncles.
C'était
dans les années 50. Ainsi s'achevait l'histoire de l'introduction de l'Evangile
au sein de la tribu Sainte Anne à Néavin.
AYAWA Hilarion BOKOE-GOIN Nelly Décembre 1999
Lettre du père HILY
Houaïlou, le 7 janvier 1902
Mon Rev. Père
Je
ne vous écrirai pas bien longuement aujourd'hui.
Dans
ma dernière ou avant-dernière lettre je vous avais annoncé la conversion de
deux tribus de Ponérihouen : Hélas, j'ai crié victoire trop tôt. Sitôt
que le gouverneur a su que ces tribus se convertissaient, il s'est hâté dans sa
haine infernale, de télégraphier à monsieur Roua, gérant des postes et
télégraphes à Ponérihouen, qu'il ne pouvait pas permettre à ces indigènes de se
faire catholiques, et qu'il fallait leur dire de rester payens s'ils ne
voulaient pas être punis. Je ne connais pas ce que le télégramme disait ;
mais les indigènes m'ont dit « que le gouverneur leur défendait de se
faire catholiques, qu'il y avait assez de catholiques en Calédonie et qu'eux
devaient rester payens, sinon le chef Téin et deux ou trois autres influents
seraient exilés à l'Ile des Pins ou à Maré ». Voilà ce que Mr Roua
transmettant les ordres du gouverneur a dit aux indigènes.
Mrs
Demortière, Jamain. m'avaient déjà affirmé, avant que je vis les indigènes, que
le gouverneur les avait obligés à redevenir payens. Monsieur
Deschamps de Bois Hébert, docteur à Houaïlou, m'a dit l'autre jour que Mr Roua
lui avait avoué avoir reçu un télégramme du gouverneur pour lui dire de
défendre aux indigènes de se faire catholiques.
J'ai
toujours supposé que le gouverneur défendait aux indigènes de se faire
catholiques ; mais je n'avais jamais eu de preuves aussi évidentes. Enfin
le gouverneur s'en va dans un mois, on pourra alors travailler à son aise. Je
ne pense pas qu'il soit possible de trouver pire dans la France entière ;
nous avons donc tout à gagner au changement de gouverneur. J'espère
qu'après le départ du gouverneur je pourrai rester à demeure à Nindhia, et
m'occuper un peu mieux des indigènes de cette vallée.
Le
R.P. Cherdel est encore fatigué.
Priez
pour nous, mon Rév. Père.
Veuillez
agréer mes sentiments les plus respectueux et les plus dévoués.
Note :
le gouverneur en question est le gouverneur Feuillet
Mission
de Ponérihouen, en 1905
(écrit
par Hippolyte de Néavin)
Il y
avait à Ponérihouen un bon Docteur, bon chrétien. C'est le Docteur Jousset, une
jeune femme travaille comme servante chez lui. Le Docteur lui parle de la
religion, ensuite elle parle à ses parents ; quatre hommes avec leur
femmes se réunissent plusieurs jours chez le Docteur Jousset pour entendre
parler de la nouvelle religion.
En
1905, ils ont demandé la médaille. Le Docteur Jousset averti le R.P. Hily qui
était encore à Méomo Houaïlou. Il leur distribua la médaille ; d'autres
sont venus demander aussi la médaille.
Le
R.P. Hily a envoyé le catéchiste André de Néavin pour commencer une petite
école à 6 garçons à la tribu Néouta.
Tous
les mois, de Méomo le Père vient voir. Le nombre des convertis augmente. A la
fin du mois de Mai, commencement de Juin, le Père envoya un autre catéchiste
faire le catéchisme dans les tribus Grochain et Grondu, le catéchiste Hippolyte
de Néavin. A ce moment là on achète la propriété Demortière Teouty. Pendant la journée, le catéchiste
travaillera pour servir le maçon qui répare les dégâts causés par le cyclone
dans la maison « la chapelle actuelle » ; le soir, il ira faire
le catéchisme à Grochain et Grondu.
En 1907,
le Révérend Père Hily réside définitivement à la Mission de Ponérihouen.
Les
tribus de la vallée de Ponérihouen petit à petit se convertissent. Voyant que
le nombre des catéchumènes augmente, le Père Hily envoya le catéchiste Joseph
pour s'occuper des tribus Saint Denis, Saint Yves et Népoépa, et y faire le
catéchisme. Dans la même année, le R.P. Hily a demandé à Thié-Amoa un autre
catéchiste pour faire le catéchisme dans la langue. On envoya le catéchiste
Julio qui, pendant deux ans, apprend aux nouveaux convertis le catéchisme dans
la langue de Baye.
Le
catéchiste Hippolyte commence à faire l'école à tous les garçons de toutes les
tribus depuis 1907 jusqu'en 1939. Sa femme s'occupe des filles jusqu'à
l'arrivée des Sours, en 1912.
En
1898, les catéchistes Joseph et Hippolyte commencent à faire leur fonction de
catéchiste étant encore à l'école ; Ils vont faire le catéchisme, chacun
son tour, dans les tribus néavin, Nindhia, et Niéré - Kouaoua. C'est depuis
1898 qu'ils sont au service de la mission.
Voyage du Père Hily de Méomo - Houaïlou - à Ponérihouen
Le R.P.
Hily est appelé pour un service à Ponérihouen. Parti de Méomo, à cheval, sous
une formidable pluie, il avait des hommes pour l'accompagner; A Bâ, la
rivière est déjà montée, il faut passer le gué où il y a moins de courant. Le
cheval qui a cogné les pieds sur un caillou s'est blessé, un homme le ramène à
Méomo. Le Père continue la route à pied, traversant toutes les rivières à la
nage. Arrivé à Mou, tribu protestante,
le Père demande au chef un petit coin pour être à l'abri - car la pluie
tombait toujours - et s'il ne pouvait pas lui donner quelque chose à manger ou
du thé pour se réchauffer. Le chef lui a répondu : ici, pas de place et
rien pour les robes noires. Le Père demande aussi au chef de traverser la rivière
avec sa pirogue. Même réponse : Rien pour les robes noires.
Avec ses
compagnons de route le Père se jette à la nage et traverse la rivière sans
difficulté, et arrive à Ponérihouen où on le reçoit avec joie chez madame
Peccard. Trois jours après le père revient avec ses compagnons à Méomo -
Houaïlou.
La tribu de Pô, fond de la vallée de Monéo. 1909
Cette
tribu est protestante. Une quinzaine d'indigènes se brouillent ave leur
pasteur, le pasteur Tôaua. Ces indigènes sont venus demander la médaille au
père Hily, à Ponérihouen. Le Père leur dit : « J'irai moi-même
chez vous, à Pô. C'est là-bas que je vous distribuerai la médaille. Au jour
fixé, le Père Hily part, à cheval, à Pô, accompagné par le catéchiste
Hippolyte. Arrivés à Pô, le chef et le pasteur ont vu que le Père et le
catéchiste passaient. Ils se demandent : « Où vont-ils ? Ils ne
passent pas chez nous ! Qu'est-ce qu'ils viennent faire par
ici ? » Ils les suivirent par derrière. Etant arrivé, on va lâcher
les chevaux. La cuisine est déjà prête. Avant la distribution de la médaille on
se met à table. Le chef et son pasteur se tiennent cachés dans la brousse pour
voir ce qui se passe. Enfin, le Père distribua la médaille aux nouveaux
convertis. Les deux guetteurs s'avancent pour voir de plus près ce que faisait
le Père. Enfin, il est une heure. C'est l'heure de retourner. Pendant que le
catéchiste est allé attraper les chevaux, le chef et le pasteur profitent et
disputent le Père. L'un à sa droite et l'autre à gauche essayent de bousculer
le Père. Le catéchiste, entendant le bruit de la dispute court au secours du
Père et prend la place du Père. Il s'est disputé avec le Chef et le Pasteur
pendant un bon moment. A trois heures, le Père avec son catéchiste reviennent à
Ponérihouen.
Après, le
chef et le Pasteur font toujours des histoires avec les mauvais convertis. Le
chef ne veut pas que ses sujets se font catholiques, dans sa tribu il ne veut
avoir qu'une religion. Avec son Pasteur, ils cherchent tous les moyens pour que
les catéchumènes quittent la médaille. Plusieurs fois, le Brigadier a fait son
possible pour faire comprendre au Chef que ses gens sont libres, qu'il n'a pas
le droit de les empêcher, ni de les forcer. Enfin, le Chef a été condamné à
quinze jours de prison et 150 F d'amende. Son Pasteur, qui est de Monéo, est
chassé de la tribu et condamné à six mois de prison, à la prison civile de
Nouméa.
En 1913, bataille de l'Embouchure
Ponérihouen
Mercredi
des cendres, en sortant de la Messe à la Mission de Teouty, les catholiques de
l'Embouchure invitent tous ceux qui étaient présents à la messe pour aller
mettre des goélettes et chercher de la peau de niaoulis pour couvrir leur
petite chapelle. Les gens ne sont pas bien nombreux, mais un peu de toutes les
tribus. On avertit le Père Hily pour qu'il demande l'autorisation de prendre de
la peau de niaouli dans la propriété de Mr Léon Devillers à Mou.
Le Père
Hily recommande aux gens : "attention ! Vous allez dans une tribu
protestante. Sûrement, vous aurez des histoires ou des disputes, ou les
Protestants vont vous battre. Vous savez comment ils sont les Protestants, Mais
il ne faut pas faire de bêtises. Les femmes aux peaux de niaoulis, les hommes
aux goélettes et à la liane".
En effet,
le Père Hily avait dit vrai. Aussitôt arrivé, tous les Protestants arrivent
sans explications, tombent sur les catholiques et on s'est battus. Deux catholiques sont blessés gravement à la
tête, un Protestant a reçu un coup de couteau dans le flanc, les boyaux dehors.
Immédiatement on avertit le Père, le Docteur et les gendarmes. Après l'enquête,
le chef a été arrêté, tous les protestants avec lui : ils sont allés faire la
prison à Nouméa pendant quatre ans.
MISSION DE PONERIHOUEN EN 1906
Difficultés avec Grondu - Grochain
Le
R.P. Hily, au mois d'Août, de Méomo, vient visiter Ponérihouen. En retournant à
Houaïlou il amène avec lui le catéchiste André pour aller avec lui jusqu'à
Saint Louis, car il allait à la retraite des Pères. Il devait rester un mois à
Saint Louis.
Le
catéchiste Hippolyte reste tout seul à travailler avec le maçon. Les
catéchumènes sont partis à Hienghène avec le surveillant de ligne, monsieur
Michelet, travailler à la ligne. Le catéchiste Hippolyte continue à servir le
maçon. Les deux chefs des tribus Grochain et Grondu réunissaient leurs polices,
leurs conseillers et tous leurs sujets. Ils tinrent conseil pendant plusieurs
jours. « Nous allons profiter de l'absence du Père et des catéchumènes
pour chasser de nos tribus ce catéchiste car il vient s'installer chez nous
sans nous avertir.
Un
soir, comme d'habitude après le travail de la journée, le catéchiste Hippolyte
rentre à la tribu et trouve sa malle, sa couverture, la soutane du Père, toutes
ses petites affaires dehors ; Il appelle la vieille femme qui faisait la
cuisine : »pourquoi les affaires sont dehors ? Qui les a mises
dehors ? » ; Au lieu de répondre, elle se mit à pleurer. Enfin
elle répond : » Toi catéchiste, les deux Boaé et Baptiste Chef, lui
pas content, tout le monde aussi, y en a pas content ; quand toi arrivé
ici, toi n'as pas parlé à Chef ; Lui parlé à moi : quand toi va
arriver, moi y va dire à toi, toi prends les affaires pour toi et toi partir
tout de suite ; Le chef va venir voir ce soir, si lui trouver toi, lui va
tuer toi, ou bien lui va donner à toi médicament pour toi y va crever. »
Après ce
discours, le catéchiste dit à la femme : rentrons mes affaires dans la
case. Pendant la nuit il y a bien des personnes qui tournent autour de la
maison. Le catéchiste avertit la brigade ; Le brigadier fait appeler le
grand chef Poindo et tous les petits chefs. Le brigadier a fait un rapport pour
demander une punition pour le petit chef Boaé de Grochain. Il devait aller
faire deux mois de punition à l'Ile Nou (sic). Le catéchiste demande pardon
pour le chef Boaé et retire la plainte. « Ceci c'est pour la première
fois, mais qu'il ne recommence pas ».
Quelques
mois après, ce chef Boaé s'est converti, lui avec toute sa tribu de Grochain.
AU MOIS D'AÔUT 1907
Difficultés avec le postier
Il
y avait à Ponérihouen un colon qui s'appelait Deruelle. Il a été appelé à
Nouméa. Avant de partir il dit à sa femme qui est malade : « Je
pars à Nouméa, mais si pendant mon absence tu es gravement malade je te donne
la liberté de faire tes devoirs religieux. En cas de besoin tu peux appeler le
Père. Enfin, tu es libre. »
Le
10 août, fête de Saint Laurent, Mgr Chanrion donne la confirmation et la
Première communion à Nindhia - Houaïlou. En sortant de la messe, le planton de
la poste apporte un télégramme au père Hily, signé par madame Peccard :
venez vite, madame Deruelle en danger.
Le
Père Hily appelle son catéchiste Hippolyte : « il faut préparer les
chevaux, nous allons manger et partir tout de suite après, il y a un malade à
Ponérihouen ». A midi et demi, une heure, avec son catéchiste ils montent
à cheval, sous un soleil brûlant, pour arriver à Ponérihouen le soir.
Devant
la porte de la malade se tenaient messieurs Pierson, Guillermet et Floriot, la
main dans la main, et ils barrent le passage. Le Père descend de cheval. Ces
messieurs disent au Père : « Mon Père, on vous laisse pas
passer ; vous ne passerez pas ». Madame Peccard qui est dans la
chambre du malade, ouvre une fenêtre, tendant la main au Père, et lui
dit : « Passe ici, mon Père. C'est moi qui vous ai
appelé » ; Et d'un bond le Père saute par la croisée et administre la
malade. Après, madame Peccard dit au Père : « Vous êtes entré
par la fenêtre, maintenant vous allez sortir par la grande porte ».
Prenant la main du Père, ils sont sortis par la porte.
Mgr
Chanrion a donné la confirmation le lendemain. Après la messe, Monseigneur a
fait l'enterrement de cette dame, car elle était morte un peu après avoir reçu
les derniers sacrements.
Difficultés avec les Protestants
Un
autre jour, toujours accompagné par son catéchiste, le Père Hily est allé à la
tribu de la Tchamba pour donner la médaille aux indigènes qui se convertissent.
Auparavant, ils étaient protestants. Voilà que le pasteur s'amène pour voir ce
que faisait le Père avec les gens. Il arrivait juste au moment de la
distribution des médailles. Il interroge le Père en
disant : « Dis donc, père, c'est quoi toi donner aux
hommes ? » Le Père lui dit : la médaille. « Pourquoi vous
vient ici pour voler les hommes pour moi ? C'est pas bon manière pour
toi ». Le Père lui explique pourquoi il donne la médaille, mais le Pasteur
ne veut rien savoir et repartit mécontent.
Une
autre fois, le Père Hily est allé à la tribu de Saint Denis pour y dire la
messe et bénir la nouvelle igname. Il y avait beaucoup de monde venu des autres
tribus pour la fête de la bénédiction des ignames. Le Père, après la messe et
la bénédiction de ignames, rentre le soir à la mission. Le catéchiste est resté
jusqu'au lendemain pour profiter qu'il y a beaucoup de monde pour parler de la
religion aux gens et faire le catéchisme. Tous les chefs protestants, les deux
grands chefs Poindo et François de Monéo se réunissent chez le grand chef
Poindo à Goa. Ils ont envoyé un télégramme à Nouméa, au chef des affaires
indigènes, le capitaine Harelle : « Venez vite, les catholiques
vont faire la guerre. Ils font une réunion à la tribu de saint Denis : le
Père Hily est venu à cette réunion, il a monté le coup aux indigènes ». Le
chef des affaires indigènes arrive le surlendemain. Il est venu d'abord voir le
Père. Il a vu que le télégramme était faux, que les grands chefs protestants
ont menti sur le Père et les catholiques. Il a fait venir les chefs et tout le
monde à la brigade pour faire l'enquête. Le catéchiste est allé aussi pour
représenter le Père et pour servir d'interprète. Les grands chefs ont chacun
une amende. Le chef de Goa a 500 f d'amende et ses protestants deux mois de
travail à faire sur la route, comme punition pour avoir fait courir une fausse nouvelle.
Le chef fera contremaître. Le chef de Monéo a 800 F d'amende pour diffamation.
INSTALLATION DE LA MISSION
Le
terrain où est actuellement monsieur Lethiévan a été donné à la mission. Mais
monsieur Demortière, très bon et fervent catholique a eu la bonne idée de
donner sa propriété à la mission avant de retourner en France car, disait-il,
c'est trop près du village pour éviter les histoires. Je vous donne ma
propriété, dit-il au Père. Voyant que les indigènes se convertissent beaucoup
on a vu que monsieur Demortière avait dit vrai. On accepta la proposition de
Demortière et on prend possession de la propriété là où est actuellement la
mission (Téouty).
Il
y avait aussi un autre colon qui habitait dans le fond de la vallée, monsieur
Bernard. Il allait partir en France lui aussi. C'est un bon catholique. Aussi
il donne sa caférie à la mission, à partir de l'entrée où est la croix, jusqu'à
la plaine, et du creek au pied de la montagne.
Monsieur
et madame Peccard sont aussi de bons chrétiens. Ils ont vendu aussi leur
propriété à la mission, à Grochain, en bas de la route. C'est monsieur Peccard
avec son gendre, monsieur Rossard, qui ont monté et couvert la maison, la
chapelle actuelle. C'est madame Peccard qui a donné le nom du Patron de la
mission, saint Vincent de Paul, car elle a été élevée par les Sours de saint
Vincent de Paul. Monsieur et madame Peccard sont soignés par la mission jusqu'à
leur mort.
La propriété Saint Claude
Le R.P.
Hily est allé à la retraite et doit passer un mois à Saint Louis. Seul, le
catéchiste Hippolyte, à la mission, s'occupait des chevaux et des cochons. Un
jour, la jument du Père est sortie pendant la nuit et va dans la propriété
Saint Claude qui appartenait encore à monsieur Leroi. Le gardien arrête la
jument, fait venir le gendarme et dresse un procès au catéchiste Hippolyte. Mgr
Chanrion donner le Baptême, la Première Communion et la Confirmation. Juste, le
catéchiste Hippolyte est appelé au tribunal du juge de paix. Monseigneur lui
dit : « Va ! tu reviendras me raconter comment ça se
passe ! ». Hippolyte revient
et raconte à Monseigneur qu'il a été condamné à un franc d'amende. Monseigneur
lui dit : « Ne t'en fais pas ! C'est moi qui vais payer ton
amende ». Quelques temps après, Monseigneur fait savoir qu'il a acheté la
propriété avec le franc d'amende d'Hippolyte. C'est à cause de cela qu'on a
donné le nom de Saint Claude à cette propriété.
Propriété
de monsieur de Chamvallon, où est actuellement Vincent Reiche
Monsieur
de Chamvallon avait une fille qui était lépreuse. On envoya la fille à Ducos.
Son père, très vieux, est devenu malheureux, seul, chez lui. Personne ne
s'occupait de lui. Le R.P. Hily, voyant ce pauvre vieux abandonné, le prend à
la mission, et là on le soigne pendant un an et demi. Enfin, il devait partir à
Nouméa. Avant de quitter Ponérihouen, comme reconnaissance des biens et
services que la mission lui a rendus (sa fille, lépreuse, est morte à
Ducos ; lui n'a pas de parents), il donne sa propriété à la mission sans
faire payer. C'est ainsi que la mission a eu la propriété de monsieur de
Chamvallon où est Vincent Reiche actuellement.
LE CATECHISTE JOSEPH ARIPOENDI
En 1898,
Joseph Aripoendi, étant encore, à l'école Méomo - Houaïlou, commence à faire
les fonctions de catéchiste. Huit jours à l'école et huit jours à faire le
catéchisme dans une des tribus suivantes : Néavin, Nindhia, Kapoé, chacun
à son tour avec son camarade Hippolyte.
A l'école
de Saint Louis, en 1900, il revient à Méomo comme moniteur.
En 1903,
après son mariage, le Père Hily l'envoyait faire le catéchisme à quelques
indigènes qui se convertissent à Niéré - Kouaoua. Joseph obéit, part avec sa
femme : il vient de se marier. Il faut penser à son nouveau ménage, à
construire une case, à faire des plantations. Non ! Rien ne l'arrête !
Une seule chose l'anime, c'est de porter le secours aux ignorants et gagner des
âmes à Dieu ; Le voilà sur la route.. ; Niéré, une tribu retirée près
de la chaîne centrale, c'est là que Joseph a passé 4 mois. Son bon exemple,
surtout ses bonnes paroles, ont converti presque cette tribu où il laisse des
inoubliables souvenirs ;
Enfin, il
revient à Méomo et fut nommé catéchiste dans sa tribu de Néavin.
En 1907,
quand les tribus du fond de la vallée de Ponérihouen se convertissent, le R.P.
Hily appelle le catéchiste Joseph pour s'occuper des tribus Saint Yves, Népoépa
et Saint Denis. Toujours obéissant et plein de bonne volonté, Joseph part avec
sa femme et son premier bébé pour répondre à l'appel du père. Il vient à Saint
Yves. En faisant le catéchisme dans les tribus, il en a converti d'autres, et
plusieurs païens avant de mourir, il les a baptisés.
Souvent les protestants, par
malice, essaient de troubler les nouveaux chrétiens pour les détourner. Joseph,
par son ardeur et son courage, défend vaillamment ces chrétiens dans ces trois
tribus, aussi les protestants le craignent.
Au commencement de 1908, les
protestants de la tribu de Pô, au fond de la vallée de Monéo, se convertissent
et demandent quelqu'un pour les préparer au baptême. Ce sera le dévoué catéchiste
Joseph Aripoendi qui ira leur enseigner la Parole de Dieu et les préparer au
Baptême.
Les païens des tribus de
Nékliaï et de Gohapin - Poya (Côte Ouest), se convertissent aussi : il
faut les instruire pour les préparer au baptême. Le R.P. Fraysse demande au
R.P. Hily de lui envoyer quelqu'un pour préparer ces nouveaux catéchumènes. Le
Père demande à Joseph ce service. Celui-ci, toujours plein de dévouement, et
obéissant comme son saint patron, accepte de rendre volontiers ce service.
C'est en 1909 que Joseph traverse la chaîne centrale et se rend à Nékliaï et
Gohapin. Pendant trois mois il instruisait ces catéchumènes, accompagné de son
élève le catéchiste Alexandre. Enfin il revient à son poste de saint Yves. Et
là, jusqu'en août 1944 il se retire en retraite dans la tribu de Napoépa,
cédant sa place au catéchiste Alexandre. C'est à la tribu de Napoépa qu'il se
reposera après avoir bien travaillé pour le bon Dieu. Il va se préparer à
paraître devant Lui, avec les mains pleines de mérites et de bonnes ouvres.
En 1914-18, les indigènes de la
Côte Ouest se sont révoltés, ils furent arrêtés et mis en prison à Nouvelle. Le
R.P. Roman s'occupe d'eux pendant plusieurs années, beaucoup parmi eux veulent
se faire chrétiens. Qui les préparera ? Le Père Roman demande au Père Hily
quelqu'un parlant la langue de Baye pour les préparer au baptême. En 1923, le
brave catéchiste Joseph Aripoendi est désigné. Il obéit promptement, laissant
seule sa nombreuse famille, et il partit à Nouméa pour instruire ces nouveaux convertis
jusqu'à leur baptême.
Joseph Aripoendi a reçu deux
fois le sacrement de mariage. Le premier mariage avec Angèle Tipoa, à Méomo -
Houaïlou, en l'église saint Antoine de Padoue en 1903, avec laquelle il eut
trois garçons dont deux morts et un vivant. Elle est morte le 30 avril 1911 à
Téouty - Ponérihouen.
Son deuxième mariage, avec Pauline Meïnapourou, en
l'église saint Vincent de Paul à Téouty - Ponérihouen, le 19 février 1912. De
ce mariage naquirent 8 enfants : quatre garçons, quatre filles.
Le bon et
brave Joseph Aripoendi a ainsi bien travaillé pour gagner des âmes à
Dieu ; il a bien travaillé aussi pour l'entretien de sa famille. Il a su
former ses nombreux enfants à la vie chrétienne. Joseph était un bon
catéchiste, aussi un bon papa, bon père de famille. Ses enfants qu'il a bien
élevés formeront sa couronne plus tard, dans le ciel. C'est un catéchiste
exemplaire depuis le commencement jusqu'à la fin. Il se donne tout à son
service, tout à Dieu. Il descend de Népoépa, à la mission, chez son fils
Mathieu : c'est là qu'il va se préparer à bien mourir. Il a bien gagné son
jubilé, il communie tous les jours, il a . (fin
du document)
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