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 d'après un article du Père Damien Dempsey sm ( Nouvelle-Zélande )

Il y a quelques années, en entrant dans une église, j'ai été surpris de voir où l'on avait placé la statue de Marie. Au lieu d'être dans le choeur, ou près du choeur, comme on a l'habitude de la voir, la statue était au fond de l'église. C'était une statue ordinaire, où Marie avançait les bras en avant, en un geste d'invitation. J'avais vu souvent des statues semblables mais, ce jour-là, j'ai mieux compris ce qu'elle voulait me dire. Du fond de l'église, par le geste de ses bras déployés devant elle, Marie m'invitait à marcher jusqu'à son Fils, pour m'agenouiller et prier devant Lui.

En voyant la statue de Marie "reléguée" au fond d'une église, certains pourraient trouver à redire. Mais pour moi, cela avait un sens. Tout l'être de Marie était et reste centré sur Dieu. Son plus grand privilège a été d'apporter Dieu au monde, permettant ainsi une relation nouvelle et intime entre l'humanité et Dieu. Et elle l'a fait en restant humble et cachée. Elle doit être contente, me disais-je ce jour-là, que sa statue soit au fond de l'église. Elle y est pour m'encourager à m'avancer à la rencontre de son Fils. Je n'avais pas l'impression de tourner le dos à Marie. Bien au contraire, je la sentais proche de moi, priant avec moi en me présentant au Sauveur.

La manière de vivre l'Evangile que j'ai choisie, à l'initiative de Dieu, c'est d'être Mariste. Marie est la première chrétienne, le modèle des chrétiens, et c'est en essayant de vivre sa vie que je m'efforce de suivre le Christ. Quand les Maristes parlent de "vivre la vie de Marie", deux mystères particuliers nous sont donnés à méditer par notre fondateur, le Père Jean-Claude Colin : Nazareth et la Pentecôte. C'est en contemplant la présence de Marie à Nazareth et à la Pentecôte que nous apprenons, dit le Père Colin, ce que nous sommes appelés à vivre.

Nazareth était la demeure de la Sainte Famille. Les Evangiles nous parlent très peu de la vie à Nazareth. Nous pouvons cependant nous en faire une idée. Nazareth, c'est là où trois personnes extraordinaires ont vaqué aux occupations ordinaires de leurs vies quotidiennes pendant de nombreuses années. C'est là où Marie, Joseph et Jésus ont gagné leur vie, entretenu la maison, partagé les joies et les peines de la vie avec leur parenté, leurs amis, leurs voisins. Nazareth, c'est là où - sous la conduite et à l'exemple de Marie et de Joseph - Jésus a grandi en homme de foi.
          Je m'imaginais autrefois Nazareth comme une vie cloîtrée, à l'écart des gens, jusqu'à ce que j'aie vécu quelques temps dans un petit village des Philippines. Je me rappelle avoir vu un groupe de femmes assises près de la rivière, qui bavardaient et riaient tout en lavant le linge de leurs familles. Cette image m'a aidé à réaliser la vie de Marie à Nazareth. Je comprends qu'elle a été une vie de profonde union à Dieu à travers des expériences de travail, de prière, d'amitié, de rires et de pleurs, comme une mère, une fille, une soeur, une épouse, une voisine, une amie.

Nazareth, c'est l'incarnation dans le quotidien : ça nous rappelle que le Christ a vécu la plus grande partie de sa vie sur terre d'une façon humble et cachée. Comme à Marie, la Parole nous est donnée pour que nous la méditions au plus profond de nos coeurs, tout en vivant notre vie quotidienne parmi les frères et soeurs que Dieu nous a donnés, partageant leurs joies et leurs peines. Nazareth est une invitation à l'union à Dieu dans une vie humble.

Si Marie est "inconnue et cachée" à Nazareth, elle l'est encore plus à la Pentecôte. Les icônes de la Pentecôte montrent ordinairement Marie au centre de la communauté chrétienne, mais l'Ecriture nous dit simplement qu'elle était "avec" ceux et celles qui, autour des Apôtres, "participaient fidèlement à la prière". Marie s'est rassemblée avec les amis de Jésus comme une de ses disciples parmi les autres. Sa vie de fidélité et d'obéissance à la Parole faisait d'elle le modèle des croyants, le modèle parfait de l'Eglise qui attend dans la prière. Devenue Mère de Dieu par son ouverture à l'Esprit Saint, Marie devenait alors présence maternelle au sein de cette communauté qui recevait le don de l'Esprit à la Pentecôte. Elle connaissait et aimait intimement le Christ, et cet amour donnait du coeur à l'Eglise. Après avoir souffert avec son Fils au cours de sa vie terrestre, elle donnait maintenant le courage et la force d'une mère aux Apôtres au moment où ils allaient entreprendre leur mission. Avec la puissance de l'Esprit saint, ils partaient prêcher l'Evangile à tous les peuples.

Vivant la vie de Marie, les Maristes sont appelés à être, avec foi et amour, "soutien de l'Eglise en ces temps troublés" ( Constitutions de la Société de Marie, N° 5 ). Particulièrement attentifs à ces lieux où l'Eglise est en train de naître, nous nous efforçons aussi de servir ceux qui n'ont pas encore entendu l'Evangile. Nous sommes missionnaires à la lumière du rôle de Marie à la Pentecôte, qui montre qu'une présence discrète, accueillante et priante peut permettre que de grandes choses se produisent.

La contemplation de Marie à Nazareth et à la Pentecôte enseigne aux Maristes quelles doivent être leurs relations à Dieu et aux autres. Je crois que cette statue, que j'ai vue au fond d'une église il y a quelques années, me l'a mieux fait comprendre. Comme cette image de Marie, je suis appelé à demeurer dans la présence de Dieu, et à encourager les autres à marcher vers Lui. 


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