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Origine
Le 11 Novembre 1798, Anne
Javouhey, née à
Jallanges (Côte dOr), se consacre à Dieu à 19 ans et
prend lengagement dinstruire les enfants et de servir
les membres souffrants de Jésus-Christ. Le 12 Mai 1807,
lévêque dAutun reçoit les voeux de religion
dAnne, de ses trois soeurs et de cinq compagnes. La
Congrégation est mise sous le patronage de Saint Joseph. En
1812, après létablissement du noviciat à Cluny, elle
prend le nom de Saint Joseph de Cluny. La réponse à
lappel missionnaire, perçu dune manière
mystérieuse par Anne Javouhey en 1800, se concrétise en 1817 :
un premier groupe de Soeurs part pour lîle Bourbon (la
Réunion). En 1819, un deuxième groupe arrive à Saint Louis du
Sénégal. Et, jusquà sa mort, le 15 juillet 1851, Mère
Javouhey ouvrira à ses filles les cinq continents.
Esprit
Famille religieuse
internationale, Saint Joseph de Cluny reste pleinement
" missionnaire " selon Vatican II, ayant pour
idéal de révéler au monde Jésus-Christ venu sur terre pour
accomplir la volonté de Dieu. A la suite de sa fondatrice, elle
se veut attentive " aux signes des temps ".
Les Soeurs de Cluny essayent de tendre à cet idéal par - une
vie spirituelle simple et forte, basée sur une vie intérieur
profonde, comportant des temps forts de prière et de silence.
- un esprit de sacrifice. - une vie fraternelle en
petites, ou plus grandes, communautés. Les Soeurs
sadaptent à lextrême variété des oeuvres :
enseignement, catéchèse, animation spirituelle, services
sociaux et hospitaliers.
Pays
d'implantation
Europe, Amérique et
Antilles, Afrique, Asie, Iles de lOcéan Indien et
Océanie, avec 3175 Soeurs en 408 communautés et 80 novices.
En
Nouvelle Calédonie oeuvres hospitalières
LAdministration
ayant demandé des Soeurs de Saint Joseph de Cluny pour se
dévouer au soin des malades à lhôpital militaire, quatre
dentre elles débarquèrent à
" Port-de-France " le 26 Août 1860. Les
années suivantes, les malades étant plus nombreux,
dautres Soeurs furent demandées et cest au nombre de
huit quelles se dévouèrent auprès des malades de l'hôpital militaire jusquen 1904, époque des
laïcisations.
Visite
des malades et des pauvres en ville
Au début, les Soeurs
visitèrent les pauvres et les malades en ville sans en être
spécialement chargées. Mais, à partir de 1875, une Soeur est
désignée pour remplir ces fonctions. Chacune, à sa manière et
selon son caractère, les Soeurs parcourent inlassablement, à
pied, la ville et les faubourgs au secours de toutes les misères
humaines. Les visites vont sétendre à la léproserie de
Ducos, à lasile de Nouville si abandonné à cette
époque. Sr Martine a laissé son nom à une rue de
Nouméa.
Oeuvre
des orphelinats
Les premières Soeurs
arrivées dans le pays recueillirent quelques orphelines dont le
nombre alla en augmentant dannée en année. Des personnes
charitables aidaient, par leurs aumônes, à subvenir aux besoins
de ces enfants. LAdministration se charge de
lentretien dun certain nombre, fixé à soixante-dix
en 1872 et autorisa les Soeurs à en accepter davantage, mais à
leur charge. LAdministration se montra toujours satisfaite
de la bonne tenue de létablissement. Néanmoins, quand
sonna lheure des laïcisations, les Soeurs reçurent
lordre de remettre en dautres mains ces chères
enfants. Ce fut le 31 Décembre 1904.Parallèlement à cet
orphelinat, fonctionna pendant quelques années une oeuvre
similaire peu banale. En effet, le 9 février 1864, débarquait
à Nouméa Mère Xavier accompagnant une trentaine de jeunes
filles orphelines que le Gouverneur Guillain aurait demandées en
France pour les unir aux premiers colons. Quelques unions
heureuses en résultèrent effectivement. Cependant
lexpression ne fut pas renouvelée. Le souvenir en est
perpétué par le nom de la Baie de lOrphelinat.
Apostolat
du pénitencier (1872-1912)
Les Soeurs de Saint
Joseph de Cluny accompagneront des convois de transportés et de
déportés, des convois de femmes en particulier, dont elles
continueront à soccuper dans les oeuvres hospitalières et
de régénération morale. Sur ces malheureux, elles garderont un
ascendant bénéfique dont beaucoup profiteront. Plusieurs en
demeurèrent longtemps reconnaissants.
Ile
Nou (1872-1904)
Le 3 Août 1872, Mère
Gertrude fonde lHôpital du Marais, à lîle Nou,
dépôt du Pénitencier, où, dès Novembre de la même année,
cinq Soeurs sont employées. Mère Gertrude, notamment, exerça
sur les malheureux quelle soignait, et dont plusieurs
étaient réputés intraitables, un empire irrésistible qui lui
a permis de faire, sans bruit, beaucoup de bien. Dans le courant
de lannée 1886, la moyenne journalière a été de 200
malades. Peu de satisfaction pour la nature, mais grand bien
spirituel réalisé : les Soeurs furent témoins de nombreuses
merveilles de la grâce. Mais vint la laïcisation de 1904 et,
avec elle, le départ des Soeurs.
Ilôt
Brun (1873-1912)
Lîlot Brun, à
lEst de lîle Nou, est affecté, à un dépôt de
femmes transportées. Longtemps après leur retour à la vie
libre, beaucoup dentre elles faisaient encore des
kilomètres à pied pour rencontrer lune ou lautre de
leurs " bonnes Mères " et leurs prouver
ainsi leur vive reconnaissance. Apostolat obscur qui
sachèvera le 31 Mai 1912.
Bourail
(1872-1903)
La fondation de cette
maison date de 1872. Sept Soeurs sont employées dans cet
établissement où leur est confié la surveillance des femmes
condamnées ainsi quune infirmière et une école
comprenant internes et externes. Les femmes ne sont pas des
pensionnaires faciles à diriger. Le savoir-faire et la bonté
des Soeurs des apaisent peu à peu, les préparant ainsi à
recevoir la grâce divine. En janvier 1894, linternat est
transféré à Fonwhary. Mais à Bourail les Soeurs continuent
lenseignement jusquau 31 Décembre 1903.
Fonwhary
(1894-1907)
Ce furent treize années
de dévouement obscur, parfois pénible, que celles de 1894 à
1907 consacrées par huit religieuses auprès dun
contingent dorphelines ou assimilées, dépassant parfois
le nombre de cent vingt... Jusquen 1899, les enfants
obtiennent facilement lautorisation de rester à
linternat jusquà 18 ans révolus, ce qui permet de
fonder sur loeuvre de solides espérances " soustraire
nos chères enfants, disent les Soeurs, aux néfastes
influences dun triste milieu; les voir, à la sorite de
létablissement, se marier et fonder des familles
foncièrement chrétiennes, telle était notre ambition. "
Mais il na pas été donné suite à ce projet.
" Au commencement de 1900, il est enjoint à nos
enfants de quitter létablissement à 13 ans pour être
placées comme domestiques, à moins que les parents ne prennent
à leur charge ". Le nombre dinternes alla
toujours diminuant, jusquau 31 Décembre 1907 où
lordre fut donné de se retirer.
Ducos
: hôpital de la déportation (1873-1880)
Pour les déportés
politiques en enceinte fortifiée à la presquîle de
Ducos, exista un hôpital où se dévouèrent, à partir de 1873,
trois religieuses infirmières dont la mission finit avec
lamnistie qui rendit la liberté aux exilés en Octobre
1880.
Ile
des Pins
a) Hôpital de la déportation
Pendant le même temps que celui de Ducos, fonctionna, à
Lîle des Pins, lHôpital de la déportation simple,
avec cinq religieuses. Lamnistie mettant fin à la
déportation, les religieuses occupées aux deux hôpitaux se
consacrèrent à dautres tâches.
b) Dépôt des femmes reléguées
De 1888 à 1910, lîle des Pins devint le séjour de la
relégation des femmes. Cest le 5 Mars 1888 que le
" Magellan ", parti de Rochefort le 5
Décembre 1887, amenait à lîle des Pins trente-deux
femmes surveillées pendant la traversée par trois religieuses.
" Les bâtiments destinés à nous recevoir
nétaient pas achevés. La Communauté trouva un local
assez convenable mais vide : quatre gargoulettes deau
fraîche est rien de plus. Le lendemain matin quelques dames,
femmes de surveillants, qui occupaient lîle avant notre
arrivée, apportèrent un peu de lait, de café et autres choses.
On eut bientôt des rations quotidiennes. Deux mois et demi
sécoulèrent sans autre difficulté que celle de trouver
de louvrage à nos protégées.
Le désoeuvrement les rendait très difficiles à maintenir.
Beaucoup dépreuves fondent sur les insulaires : cyclones
dévastateurs, incendie, fièvre typhoïde... Le 15 Novembre 1889
arrive le dernier convois de femmes transportées en Nouvelle
Calédonie.
A partir de 1890 la vie saméliore ainsi quen
témoigne un extrait du courrier de cette époque :
" Actuellement on construit un immense dortoir et un
ouvroir. De cette façon toutes les femmes pourront être
réunies ici, ce sera beaucoup plus commode et mois fatiguant.
Elles sont au nombre de 240... La plus grande consolation que
nous goûtions, cest de les voir mourir dans des sentiments
vraiment chrétiens. Sous le rapport spirituel, nous sommes très
bien partagées, les Pères Maristes sont dun dévouement
sans bornes. "
Après le fameux cyclone de 1910 qui acheva la destruction des
bâtiments dUro, les Soeurs vinrent à lîlot Brun
avec le reste du contingent des reléguées fort diminué. Le 30
Mai 1912, la Métropole ayant relevé toutes celles-ci de leur
peine, la mission des Soeurs se termina.
Janvier 1872 - Mai 1912 : Quarante ans dapostolat de la
charité dont les consolations nauront cessé de rayonner
sur toutes les misères du Pénitencier, ramenant à Dieu tant de
pauvres âmes rachetées par la loi et la douleur, comme celle du
Bon Larron, ami de Jésus.
Centre
Raoul Follereau (1933-1978)
Si, actuellement, la vie
dans ce Centre est privilégiée tant au point de vue médical et
matériel que spirituel, les débuts en furent rudes pour les
hospitaliers comme pour le personnel soignant? Dès avant 1900,
des malades vivent dispersés dans différentes petites
léproseries dont la principale est celle de lîle aux
chèvres, de sinistre renommée, sans végétation, sans
ressources. Pas dinfirmiers, quelques malades moins
atteints en font loffice, peu deau, pas de bois,
quelques médicaments, des traitements inexistants.
LAdministration témoigne de la meilleure volonté possible
en fournissant les rations. Pour tout réconfort, les malades
nont que les visites dun Père Mariste, notamment le
R.P. Mulsant puis le R.P. Boileau dont la bonté et la
fidélité, trente ans durant, ne se sont jamais démenties.
Deux Soeurs de St Joseph de Cluny, profitant de la chaloupe qui y
conduit le médecin, sont heureuse daller, une fois par
mois, porter aux isolés secours et réconfort.
En 1918, la plupart des malades se regroupent à Ducos.
Pendant longtemps encore, " aller à Ducos "
signifiera pour beaucoup " être enterré vivant ".
Sur la demande de lAdministration et du Conseil Général,
le 13 Mars 1933, à la joie des malades, des Soeurs de St Joseph
de Cluny arrivent pour les soigner : ce sont Sr Marie-Joseph et
Sr Othilde (qui sera atteinte par le mal), deux infirmières
diplômées préparées à la tâche qui les attend par un stage
à lInstitut Pasteur. Une troisième Soeur prendra soin des
détails matériels et ménagers de la maison des religieuses.
Tout est à faire à Ducos. Les vaillants missionnaires ne
ménagent pas leur peine.
" Le premier travail qui simpose, écrit
lune delles, est le nettoyage de linfirmerie
où sont entassés les aveugles et les plus impotents. Cafards et
vermine se multiplient à laise dans les vieilles malles et
les caisses entassées sous les lits. Et pourtant, qui le
croirait ? notre plus grosse difficulté nest pas de faire
la chasse, mais dobtenir un permis, car chaque malade tient
tellement à son propre " avoir " quil
ne veut pas quon dérange quoi que ce soit ! "
Il faut y mette du tact, du temps et de la patience.
Deux ans plus tard, on peut déjà sémerveiller des
transformations : coquettes habitations, jardins, routes,
création de buanderies car leau est suffisante, dune
infirmerie nette et claire, dun petit dispensaire, de
cuisines organisées, constitution dun petit troupeau qui
fournit du lait... Le progrès est en marche.
Létat des malades eux-mêmes se relève tant au point de
vue moral que physiologique, sous leffet de traitements
nouveaux. Sans doute, les Soeurs elles-mêmes voient-elles de
près des ombres au tableau... Mais un magnifique élan est
donné, qui ne sarrêtera plus. En 1936, la léproserie
compte environ 200 malades.
Plus tard, ils seront même 250. Les progrès médicaux
saffirment, dès 1948, par des résultats de plus en plus
satisfaisants. Il se poursuivent : perfectionnement du matériel,
construction de pavillons, habitation des Soeurs... La maladie
recule nettement. En Octobre 1950 le premier exeat est
donné.
En 1953, à loccasion du Centenaire, Soeur Othilde reçut
la croix de la Légion dhonneur. En 1957, le Prix Raoul
Follereau lui fut aussi décerné.
Hansénienne depuis une quinzaine dannées, elle ne
cessait, en dépit de douleurs, perforant et autres
inconvénients, de se donner sans réserve au village autochtone,
ajoutant à ses activités professionnelles linitiation de
ses malades aux travaux intéressants et utiles, par eux
réalisables. Plusieurs décorations récompenseront aussi le
dévouement dautres Soeurs. Très réduites par le nombre,
les Soeurs quitteront définitivement le Centre en 1978.
Cependant Sr Yves continuera à sy rendre chaque matin
jusquà lheure de la retraite, après quarante ans
dun dévouement incessant.
Le cimetière de Ducos garde les corps de deux Soeurs : Sr
Marguerite-Marie qui, après sept ans au Centre, périt avec
Mère Guy dans laccident davion à Barhein en 1950,
lors dun voyage pour raison de santé, et Sr Othilde,
décédée en 1965.
Grâce aux efforts généreux, aux techniques nouvelles, à
lévolution morale, seffrite lépaisse muraille
des préjugés anciens et des réalités angoissantes qui
séparaient les lépreux de la société. Ce sont maintenant des
hanséniens, des malades parmi les autres.
Oeuvres
scolaires
Dès leur arrivée en
Nouvelle Calédonie, les Soeurs hospitalières, nétant pas
trop surchargées, purent soccuper de faire la classe et
denseigner la catéchèse aux enfants encore peu nombreux.
La colonie prenant de lextension, lAdministration
trouva urgente louverture dune école communale.
Cette école, confiée aux Soeurs, fut ouverte en 1864. Toutes
les enfants à même de la fréquenter y furent admises :
externes, pensionnaires, orphelines. En 1870, dès
larrivée de Monsieur de la Richerie, le Gouverneur, les
Soeurs ouvrirent un externat payant. LAdministration
affecta à cette école des bâtiments qui, jusque là, lui
avaient servi de bureaux, dans un local situé à côté de
lorphelinat. En 1880, les écoles communales furent
laïcisées. Le local de 1870 resta affecté à
lorphelinat.
Ecole
libre à Nouméa
En 1882,
lAdministration invita les Soeurs à quitter le local
occupé par lexternat payant. Cest alors que, grâce
à lorganisation par Mgr Fraysse dun Comité des
Écoles Libres, lexternat fut remplacé en 1883 par une
école libre située au centre de la ville, à langle de la
Rue de Salonique et du Boulevard Vauban. Cette école, comme
celle des Frères, fut entretenue par le comité jusquen
1887. A partir de cette époque, les Soeurs furent obligées de
se créer des ressources et lécole devint payante. Pendant
six ans, les cours y furent assurés et couronnés de succès
comme en témoignent les premières lauréates au Brevet
Élémentaire.
Au début de lannée 1889, les Soeurs, trop à
létroit dans leur local, prirent leurs dispositions pour
louer limmeuble laissé libre par les Frères, Rue de
Sébastopol. Dans la suite des agrandissements furent faits ce
qui permit de recevoir un petit nombre de pensionnaires. Tel fut
le début de létablissement actuel. Qui dit " fondation
" dit aussi " héroïsme ".
Ce fut le cas de Mère Théodonie dont le grand coeur et la belle
intelligence permirent lorganisation des oeuvres les plus
difficiles de la Congrégation en Nouvelle Calédonie. Puis ce
sera Mère Ste Othilde, qui devint plus tard Supérieure
Générale de la Congrégation, qui aura à faire face aux
expulsions, laïcisations, rapatriement des Soeurs et soucis de
toutes sortes.
Lécole prospéra cependant et on passa de 160 à 200
élèves, dont une trentaine de pensionnaire.
1929 voit la fondation du Patronage Jeanne dArc dans
un local du Boulevard Vauban. En 1933, celui-ci étant devenu
trop exigü, loeuvre sera transférée rue de lAlma,
dans un bâtiment construit à cet effet.
Lessor vers le bien qui appelle à laction se
poursuit. Lécole savérant trop petite, de nouveaux
locaux sont construits et leffectif monte à 430 élèves.
Le 24 Septembre cest la fête de linauguration du Val
de lAve Maria, près de la mission de St Louis. Aux
grandes vacances et aux divers congés, cest un centre de
villégiature idéal, très apprécié de nos groupements de
jeunes. Il fermera ses portes en 1975. Les rassemblements se
feront désormais à Ker Anna, près du Calvaire à
Dumbéa.
Mère Guy est désignée en 1947 pour diriger le district
quelle connaît depuis 21 ans. Elle y dépense, en
activités inlassables, son intelligence et son coeur.
Le don quelle a fait delle-même va saffirmer
encore pendant ses deux ans de Supériorat dune
merveilleuse fécondité.
Dabord, en 1948, acquisition dun terrain contigü à
lécole libre en vue de la prochaine construction dun
vaste internat. Campagne serrée ensuite pour rassembler les
fonds nécessaires. A force de démarches, elle obtient une
subvention du F.I.D.E.S. En la hardiesse de sa belle foi, Mère
Guy a conçu un plan de grande envergure. Cest du Ciel,
quaidant dune autre manière, elle le verra se
réaliser. En effet elle fut une des victimes de laccident
davion de Barhein en Juin 1950, alors quelle se
rendait à Rome pour la Béatification de la fondatrice de la
Congrégation : Anne-Marie Javouhey. Larrivée de Mère
Gabriel en Février 1951 va donner à lécole une
extraordinaire impulsion. Cest à elle que reviendra la
lourde charge de la construction envisagée par Mère Guy. Le 19
Mars 1951, Mgr Bresson bénit la première pierre:
une nouvelle phase vient de souvrir. De longs mois
sécoulent dans le chantiers. Devant la nécessité
doccuper les locaux au fur et à mesure des besoins, des
installations partielles simposent jusquen 1954.
Enfin louvrage est couronné le 8 Septembre 1955 par la
bénédiction de la chapelle.
Au milieu de tout ce mouvement matériel, un travail intense
sopère dans tous les domaines. Les cours
dEnseignement Secondaire sont inaugurés dès la rentrée
de 1951. Ils iront en se développant, sinstalleront
successivement dans le bâtiment de la rue Jean Jaurès,
aujourdhui occupé par lENEP, puis dans le nouveau
bâtiment de la rue de lAlma, à la place des installations
du Patronage Ste Jeanne dArc qui a cessé ses activités.
Le Second Cycle se détachera ensuite de Cluny pour émigrer à
lAnse Vata et devenir le Lycée Blaise Pascal. Le
premier Cycle se déplacera à son tour par étapes à partir de
1978 pour devenir le Collège St Joseph de Cluny, près du
Lycée Blaise Pascal, dans un environnement plus calme.
Depuis Mars 1958 la création dun Cours Commercial
permettait daboutir au CAP. Ce Cours qui prit de
lampleur grâce au dévouement de Sr Myriam Huckett et à
ses exigences pédagogiques se déplacer successivement de la
première construction de la rue de lAlma à lécole
Anne-Marie Javouhey à la Vallée du Tir, puis à la rue Jean
Jaurès à la place du Secondaire et enfin à lactuel Lycée
Professionnel qui continue à se développer par la création
du B.E.P. et du Bac Professionnel Secrétariat-Comptabilité. La
direction est assurée actuellement par une laïque, Soeur Myriam
ayant été appelée à un autre poste de dévouement dans la
Congrégation.
Lécole primaire qui occupe tout le bâtiment premier de
1955 sest aussi développé pour devenir deux écoles bien
distinctes avec chacune une directrice laïque : une école
maternelle avec 361 élèves et une école primaire comptant 528
élèves.
Les Soeurs à la limite dâge pour lenseignement se
sont retirées, lune après lautre, des classes.
Cependant elles continuent une présence active diverses aides
matérielles et spirituelles.
LAmicale des anciennes élèves reçoit en Septembre 1954
sa concrétisation officielle. Elle saffirme de plus en
plus en grâce à un Comité dévoué et dynamique.
En 1955 se lance, dans lécole, la légion de Marie avec un
groupe de jeunes. Très vite elle franchit les murs pour
simplanter chez les adultes de la Paroisse et, de là,
rayonner dans différents centres de lIntérieur.
Ecole et pensionnat de Païta
En 1875, sur les
instances réitérées des colons, lAdministration,
dentente avec les autorités ecclésiastiques, a demandé,
pour cette localité, trois Soeurs, ce qui fut accordé.
Dès leur arrivée, lécole fut fréquentée par tous les
enfants du village et un certain nombre de pensionnaires : 45 à
50 élèves internes. Les parents étaient satisfaits de
léducation et de linstruction que recevaient leurs
enfants. Aussi, grande fut la désolation lorsque, dans le cours
de lannée 1903, les Soeurs furent officiellement
informées de la suppression de leur école pour le 31 Décembre.
Pensionnat de la Conception
Lannée 1875 vit
lachèvement de la construction de léglise de la
Conception, consacrée par Mgr Vitte. Près du sanctuaire
séleva, plus tard, une vaste maison, avec ses galeries
couvertes et le déploiement de deux corps de logis encore
existants. Ce bâtiment était destiné, dans la pensée de Mgr
Vitte, à abriter des religieuses contemplatives vouées à
lAdoration perpétuelle du Saint Sacrement. Les mêmes
religieuses devaient assurer aux personnes du monde
linappréciable bienfait de retraites... Ce projet ne put
aboutir.
Sur la demande des Pères Maristes, les religieuses de St Joseph
de Cluny firent lacquisition de limmeuble inoccupé.
Le but du Pensionnat quelles fondèrent était de donner
aux enfants de la Colonie et des Nouvelles Hébrides une
éducation chrétienne jointe à une instruction solide et
complète.
Les classes furent ouvertes le 1° Mars 1881 avec 7 élèves. Le
15 Octobre 1881, trois Soeurs vinrent augmenter le personnel de
la maison qui compta dès lors 6 membres et 40 élèves. En
raison de lexiguïté des locaux, le nombre de celles-ci ne
dépassa jamais 45... En 1896, un nouveau bâtiment fut construit
à la suite de lancien : ce fut la maison de retraite des
Soeurs. Jusquen 1929, linternat fut florissant, mais
le confort se développant de plus en plus dans les familles, il
devint insuffisant pour répondre aux nouvelles exigences des
internes. Le Pensionnat se maintient cependant jusquen
1932. Parmi les centaines de jeunes filles qui reçurent à la
Conception une formation sérieuse et chrétienne, beaucoup
fondèrent un excellent foyer. Dautres, plus rares,
répondirent à lappel de Dieu et entrèrent en différents
Ordres et à St Joseph de Cluny.
Les Soeurs âgées se rendent encore utiles. Elles entretiennent
léglise, visitent les familles aux alentours, enseignent
le catéchisme.
Pendant la guerre de 39-45 la grande maison devient pendant dix
mois une annexe de lhôpital de Nouméa, puis un entrepôt
pour les stocks du Service de Santé jusquen 1945.
En 1955, sur la demande de Mgr Bresson, limmeuble ouvrit
ses portes pour les exercices du III° An des religieuses Filles
de Marie, sous la direction des Soeurs de la Société de Marie.
Renouveau scolaire
A la rentrée de Mars
1957, une petite école rouvre ses portes à une quarantaine
délèves. Un patronage est lancé, réunissant chaque
jeudi un joyeux groupe denfants. Un dispensaire
parfaitement équipé, où les malades sont soignés avec
dévouement et compétence, est installé avec le maximum
dhygiène.
Inaugurée en 1957, il développe ses activités, les étend à
lextérieur grâce à la petite 2cv qui permet des
soins à domicile et des secours nocturnes aux appels
durgence.
A côté de la tribu, sédifie une cité qui se peuple
toujours davantage. Les vieux bâtiments vont retrouver une
nouvelle vie, une nouvelle jeunesse : ils reprennent du service
!... En 1960, modernisées, claires, gaies, accueillantes, les
installations scolaires rassemblent 125 élèves dont une
trentaine de pensionnaires. Le nombre délèves allant en
augmentant chaque année, un nouveau bâtiment séleva au
fond du parc en 1966. Puis des écoles se créant dans tous les
quartiers et alentours, le nombre délèves diminua.
Lécole maternelle et primaire compte maintenant 339
élèves. Linternat sera fermé pour les enfants du
Primaire mais rouvrira ses portes pour accueillir quelques jeunes
filles lorsquun Cours Commercial sera fondé.
Aujourdhui cest le Lycée Professionnel St Pierre
Chanel.
La maison des Soeurs accueille aujourdhui de nombreux
groupes : catéchèse paroissiale, Renouveau, Légion de Marie,
Chorale, et, chaque année des retraites de plusieurs jours.
Koné
Depuis plusieurs années,
avant le début du siècle, les habitants de Koné désiraient
avoir des Soeurs de St Joseph de Cluny pour léducation et
linstruction des enfants. Monsieur Reuillard fit
dactives démarches auprès de Mgr Fraysse dans ce but. Ces
démarches ayant abouti, lassurance de louverture de
lécole fut donnée le 15 Août 1900. Le 12 Septembre, les
Soeurs arrivèrent à Koné. Un modeste local fut mis
provisoirement à leur disposition. Le 22 Octobre la classe fut
ouverte avec une trentaine délèves dans un local
appartenant à Mr le Maire. Au mois de Décembre les élèves
étaient au nombre de 54.
Il fallut un terrain convenable et des ressources pour
construire. Le 12 Janvier 1902, la première pierre fut posée
par le R.P.Chaboissier, principal bienfaiteur de loeuvre.
Dès le 18 Octobre, les classes purent être occupées par les
élèves.
Cependant lisolement de cette petite communauté posa des
problèmes de personnel. Le retrait simposa en décembre
1955.
Nouméa : école Anne-Marie JAVOUHEY
A la demande instante du
Père Bichon, curé de la paroisse du Bon Pasteur, à la Vallée
du Tir, lécole fut ouverte en 1961, dans lancienne
église désaffectée. Elle compte, dès le début, plus
dune centaine délèves pour atteindre, dans les
années 70, plus de 650. La création de nouvelles écoles dans
le quartier réduira les effectifs : il est aujourdhui de
444 élèves.
Toutes les ethnies se côtoient dans ce quartier du Nickel.
Lécole est à limage de la population et sest
mise avec ardeur aux nouvelles méthodes pédagogiques. Elle est
dirigée par une directrice laïque qui garde vivant
lesprit dAnne-Marie Javouhey.
Dès le début de cette oeuvre, un patronage fut crée pour les
enfants du quartier le Jeudi après-midi et des camps de vacances
étaient organisés chaque année. Le changement du jour de repos
hebdomadaire et les nouvelles exigences de sécurité pour
lencadrement des enfants ont fait disparaître ces
activités.
Aujourd'hui
Si les Soeurs se sont
retirées des responsabilités scolaires, elles restent encore
très proches de chaque établissements en sintéressant
aux activités ou en y prenant part.
Dans le Pacifique francophone, les Soeurs sont aussi présentes
à Tahiti, à Raïatéa, aux îles Marquises : oeuvres scolaires
et sociales, animations spirituelles, catéchèses, centre de
retraites diocésain.
On les trouve aussi dans les pays anglophones Australie,
Papouasie, Nouvelle Zélande, îles Cook et Fidji ainsi que plus
loin dans le Pacifique, à Manille.
Pour condenser en peu de pages 136 années dexistence des
premiers temps, il a fallu sacrifier bien des détails. Puissent
les faits relatés exprimer eux-mêmes.
- un HOMMAGE aux vaillantes défricheuses des premiers temps, et
à toutes nos chères disparues.
- un ENCOURAGEMENT aux continuatrices qui avancent à leur tour,
adaptant les formes nouvelles de leur apostolat, comme
lindiquait Mère Javouhey, aux besoins des temples et des
lieux où elles vivent.
(Sommaire)